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Hommage à Samuel Paty

Hommage à Samuel Paty

La Place devant le Lycée Jean-de-Prades porte le nom du professeur d'histoire assassiné en 2020.

La Commune de Castelsarrasin a rendu hommage au professeur d'histoire-géographie Samuel PATY, assassiné le 20 octobre 2020 pour avoir dispensé un cours sur la liberté d'expression à ses élèves de 4°, en inaugurant une place à son nom devant le lycée Jean-de-Prades.

Cette cérémonie, présidée par le Maire et Conseiller Départemental Jean-Philippe BESIERS, s'est déroulée le vendredi 20 septembre, en présence du Sénateur Pierre-Antoine LEVI, de la députée Marine HAMELET, d'élus de la ville, de l'Inspecteur de l'Education Nationale Florian BIETH, des représentants de l'Unité Laïque, du principal du lycée Jean-de-Prades Alain MOYAT et de professeurs et élèves, des représentants des forces de l'ordre, de bénévoles associatifs et de Castelsarrasinois.

Après les prises de parole de Monsieur le Maire Jean-Philippe Bésiers, de Monsieur Matisson et Madame Alonso pour la famille et l'Unité Laïque, de Monsieur le Sénateur Lévi et de Mme la député Hamelet, la plaque au nom de Samuel PATY a été dévoilée. Puis les élus ont procédé au dépôt de gerbes, avant la sonnerie "Aux Morts", la minute de silence et l'hymne national.
La cérémonie s'est achevée par. le salue au porte-drapeau de la Légion d'honneur et le verre de l'amitié.

Discours de Monsieur Jean-Philippe BÉSIERS
Maire de Castelsarrasin et Conseiller Départemental de Tarn-et-Garonne

Samuel PATY, né le 18 septembre 1973 à Moulins, était professeur d'histoire-géographie au collège du Bois-d'Aulne à Conflans Sainte-Honorine.
En poste depuis trois ans au sein de ce collège, il a été lâchement assassiné et décapité le 16 octobre 2020 à sa sortie de l’établissement, 10 jours après avoir dispensé un cours sur la liberté d'expression à ses élèves de 4ème, dans le cadre de l’enseignement moral et civique.
Un cours durant lequel il avait utilisé deux caricatures de Mahomet, issues du journal satirique Charlie Hebdo, comme support pédagogique.
En responsabilité, il avait préalablement demandé aux élèves ne souhaitant pas regarder ces images de sortir de la salle de classe.
Une collégienne n’ayant pas assisté au cours, en parle à son père qui lance alors une campagne de dénigrement et de haine sur les réseaux à l’encontre de Samuel Paty, avec l’aide de celui qui sera son assassin, Abdoullakh Anzorov, un citoyen russe d’origine tchétchène âgé de 18 ans, qui bénéficie alors du statut de réfugié accordé à ses parents alors qu’il était mineur.
Son nom et l’adresse de l’établissement scolaire où il exerce sont divulgués, et l’impensable arrive ce 16 octobre 2020…
Un crime odieux et barbare, d’une violence inouïe, perpétué par un terroriste islamiste et ses complices, guidés par la haine de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et de la laïcité, qui voulaient « venger le Prophète ».

L’engagement du professeur auprès des jeunes collégiens, pour leur apprendre à s'émanciper, à forger leur propre opinion, sans céder aux injonctions remettant en cause la liberté d'expression et le libre arbitre, lui a couté la vie dans les plus atroces des circonstances.

Afin d'honorer sa mémoire, son investissement et son travail, la Commune a répondu à l’appel de l’association Unité Laïque et de l’initiative « Honorer Samuel Paty, honorer la République », à laquelle de nombreuses villes se sont déjà associées, en baptisant cette place de son nom, 4 ans après ce drame ignoble.

Notre commune lui rend ainsi hommage pour son attachement à l'école de la République, son exigence à l'égard de sa mission d'enseignement et son amour du métier. Pour ses années d’engagement auprès des jeunes, qu’il formait à la liberté de conscience et à qui il voulait offrir les moyens de leur émancipation.

En attaquant Samuel Paty, c’est la France entière et son idéal démocratique et républicain qui sont attaqués.

« La terreur est l’arme de ceux qui n’ont pas les mots pour défendre une idée, parce qu’elle est indéfendable. L’idée de tolérance n’a pas été conçue pour tolérer l’intolérable », a écrit sa sœur Mickaëlle PATY.
« Rendre honneur à mon frère, c’est rendre honneur à la Fraternité.
Rendre honneur à Samuel Paty, c’est rendre honneur à la République ».

Par cette démarche hautement symbolique, nous nous associons au combat de sa famille, pour la liberté de conscience et d’expression. Son courage immense force l’admiration.

Comme nous avons honoré la mémoire de celles et ceux qui se sont battus pour notre liberté au péril de leur vie, en inaugurant le 20 août dernier la Flamme de la Résistance à l’occasion des 80 ans de la Libération de Castelsarrasin, nous inscrivons aujourd’hui, pour toujours, le nom de Samuel Paty dans la mémoire des générations futures.

Comme nous avons surmontés les attaques des ennemis de la liberté par le passé, lors des heures les plus sombres de notre histoire, nous devons lutter aujourd’hui encore contre toutes les formes de barbaries, d’obscurantismes, de rejets, de violences, d’incitation à la haine, de repli sur soi.

C’est un combat que nous devons mener pour nos enfants.

Le choix de ce lieu n’est évidemment pas anodin : nous nous trouvons devant le Lycée Jean-de-Prades et à quelques centaines de mètres du Collège Jean-de-Prades. Un lieu où circulent chaque jour des centaines de jeunes.

C’est un symbole fort. En créant ce lieu de mémoire, ici, nous les invitons à se souvenir et les encourageons à l’unité.

Car la place de l’école publique est fondamentale dans la construction de la citoyenneté laïque et dans l’adhésion de nos jeunes aux idéaux de notre République, que sont la Liberté, l’Égalité et la Fraternité.

Ils sont le garant de l’émancipation, de la solidarité et de l’universalisme, pour combattre le totalitarisme, l’égocentrisme, les revendications communautaires relayées notamment sur les réseaux sociaux.

Il est de notre devoir de préserver cette école républicaine, sans relâche, face aux dangers de l’obscurantisme islamiste, aux côtés des enseignants et des personnels éducatifs, qui font un travail formidable, malgré les difficultés et les pressions devenues plus fortes.

Cette lutte n’est pas nouvelle, notre Département en a d’ailleurs fait la terrible expérience en 2012, lors des attentats perpétrés par Mohammed Merah à Montauban.

Et cette lutte n’est pas finie.

Nous continuerons à nous battre, comme le fait l’Unité Laïque, pour défendre l’idéal d’une société démocratique et pacifique, dans laquelle il n’est nul besoin de recourir à la violence pour faire respecter les droits politiques, économiques et sociaux des citoyens qui la composent.

Notre richesse commune puise dans nos différences, dans notre liberté de choix culturelle, sexuelle et religieuse, dans le respect de la liberté de l’autre et de la dignité humaine.

Au nom du Conseil Municipal, je remercie chacune et chacun de sa présence, et veux croire au triomphe de notre modèle de tolérance, notamment grâce à vous les jeunes, en menant ce combat de toutes les générations.

Lettre de Mickaëlle PATY lors de l'inauguration de la Place Samuel Paty
Lecture par Jean-Marie MATISSON, Délégué régional Sud-Ouest d'Unité Laïque

Monsieur Jean-Philippe Besiers, Monsieur le Maire de Castelsarrasin,
Mesdames et messieurs les élus

Je vous remercie chaleureusement d’avoir été parmi les élus municipaux à répondre à l'appel lancé par l'association Unité Laïque avec mon entier soutien pour « honorer Samuel Paty et honorer la République » en donnant le nom de mon frère à une voie de votre commune.

En matière de dignité républicaine il n'y a pas de petites communes de Toulouse et Fronton à Cahors, de Tournefeuille à Castelsarrasin, il y a des élus courageux.

Vous vous honorez en manifestant ainsi votre attachement à la laïcité républicaine.

Votre rejet du fanatisme votre espoir dans la force de l'école de la République ces idéaux constituent le socle de notre pays pour lesquels Samuel Paty mon frère et désormais Dominique Bernard ont perdu la vie.

Il est temps de nous tenir à côté de tous ces professeurs à qui nous avons trop longtemps délégué le risque de défendre seuls nos valeurs républicaines.

Si je parle de risque c'est que nous avons affaire à un ennemi et qu'il serait bien naïf de le traiter en adversaire qui combattrait à armes égales.

Défendre et honorer notre République n'est pas un combat d'arrière-garde l'enjeu est devant nous et il est de notre devoir de faire preuve d'unité, de fraternité et de courage pour nous opposer aux terroristes islamistes et à leurs offensives de terreur.

Créer des lieux mémoriels incite à se souvenir et à sacraliser la victime afin de donner un support matériel à l’annihilation d’un acte barbare.

Mais cela ne suffit pas, la commémoration ne se substitue pas au combat idéologique pour repousser et détruire ce qui menace nos valeurs et nos principes.

Notre devoir est de rétablir effectivement l'ordre des choses afin de pouvoir mettre fin à ce qui n'est plus que désordre.

Donner le nom de mon frère à un lieu rétabli son statut de victime supprime le oui mais et finit par nommer l'ennemi pour garder sans cesse à l'esprit que si nous baissons notre garde c'est lui qui reviendra.

Je vous remercie encore de votre soutien et vous assure de mes salutations sincères, laïques, républicaines et combatives.

Intervention de Michèle ALONSO, Membre d'Unité Laïque

Donner le nom de Samuel Paty à un espace public c’est créer un lieu de mémoire, lutter contre l’oubli et promouvoir les valeurs de notre République. A ce jour en France 63 villes  dont 15 en Occitanie ont donné le nom de Samuel Paty à une école, un collège, un lycée, une voie, un bâtiment ou un espace public. Ce 20 Septembre 2024  Castelsarrasin  exprime son respect à l’homme qu’il était.

Né le 18 Septembre 1973, c'est-à-dire il y a 51 ans, Samuel Paty était  un homme comme les autres, élevé dans une famille aimante d’enseignants laïques et républicains. Il choisit ce métier de professeur d’histoire et de géographie après avoir obtenu le CAPES et fut porteur de la mission, aussi discrète qu’essentielle, d’élever les jeunes gens et jeunes filles vers la liberté de conscience et leur donner les moyens de l’émancipation . Son engagement pour les élèves, son honnêteté, sa beauté intérieure lui ont coûté la vie dans les plus atroces circonstances le 16 Octobre 2020. Alors qu’il sortait du collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine  dans les Yvelines où il exerçait, il fut cruellement assassiné par un  terroriste islamiste aidé de complices pour avoir 10 jours auparavant traité de la liberté d’expression dans un cours d’éducation morale et civique. Il avait 47 ans et un fils de 5 ans.

Nous n’oublions pas non plus Dominique Bernard  qui trois ans plus tard, le 13 Octobre 2023, professeur de Français âgé de 57 ans  a été assassiné au sein du groupe scolaire Gambetta-Carnot à Arras dans le Pas de Calais par un islamiste de 20 ans radicalisé  blessant également un professeur d’EPS et deux agents de l’établissement. Agrégé de lettres modernes  Dominique Bernard était passionné de littérature et apprécié de ses élèves pour « son autorité très douce », son humour et  son courage qu’il a manifesté au moment de l’agression en s’interposant.

Samuel Paty, Dominique Bernard, deux belles personnes, deux héros du quotidien au comportement exemplaire étaient pleinement impliqués  auprès de leurs élèves dans la transmission des connaissances, dans l’éveil de leur  curiosité  et de  leur capacité de discernement, gages du développement de leur esprit critique ; ce faisant ils  les préparaient à devenir des citoyens éclairés et libres.  C’est le fanatisme religieux qui n’admet ni  ne tolère la liberté de conscience ni  la liberté d’expression qui a conduit à  l’attentat  de nos  deux professeurs et par là-même  aux valeurs  de liberté, d’égalité et de fraternité de notre République. Aujourd’hui les honorer c’est leur dire notre gratitude et  leur épargner l’oubli qui leur infligerait  une seconde mort. Se souvenir, commémorer est une exigence morale pour  nous à qui le sacrifice est épargné.

Il nous appartient aussi de rappeler ce qu’est la laïcité. Héritage de la philosophie des Lumières, elle constitue un pilier du pacte républicain, avec un texte de référence, la loi de 1905 qui instaure un principe fondateur, la  « liberté de conscience », et la séparation des Eglises et de l’Etat. Elle interdit le financement ou le salariat des églises et oblige les agents de l’Etat à une stricte neutralité.

La laïcité dans notre République c’est l’expression de notre liberté car elle permet à chacun de pratiquer la religion de son choix ou de n’en pratiquer aucune selon ses convictions. Il n’existe pas dans notre République de religion d’Etat ou de religion officielle, elle les reconnaît  toutes et n’en privilégie aucune.

Elle a pour principe la stricte égalité des citoyens quelles que soient leurs origines.

La laïcité c’est aussi la fraternité entre tous les êtres humains : femmes, hommes quelles que soient leurs croyances ou leurs opinions méritent une égale considération, un même respect.

Elle garantit à tous les élèves et à tous les niveaux un enseignement consacré au seul culte du savoir et de la recherche qui forge des esprits libres et ouverts.

La laïcité c’est enfin la citoyenneté, c'est-à-dire le rôle de  chaque individu en tant que citoyen  avec  des droits et des responsabilités vis-à -vis de la collectivité.

Valeur universelle, clé de voûte du « vivre ensemble » dans le respect de nos différences, la laïcité est un idéal à poursuivre et à protéger : c’est l’arme de la paix.   

Merci Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux de perpétuer tout cela en donnant le nom de Samuel Paty à cette place.